Thème : Retrospective Charley Bowers
Né dans l’Iowa en 1889, Charles Bowers aurait été le fils d’une comtesse française et d’un médecin irlandais. À 5 ans, il rencontre un ancien acrobate qui lui apprend un numéro de funambule. Un an plus tard, il est enlevé par un directeur de cirque. Il jouera ainsi les enfants prodiges (acrobate équilibriste) pendant deux ans jusqu’à ce que son oncle le retrouve et le ramène chez lui. Son père, traumatisé par sa disparition, est décédé depuis. Bowers pratique les petits métiers pour gagner un peu d’argent. A 10 ans, sa famille s’installe dans le Colorado. Il y reprend son numéro de funambule forain. Il est victime d’un accident. A l’hôpital, il fait connaissance avec un jockey qui l’introduit dans le monde des courses. Le voici engagé comme jockey. Il se lance dans le dressage des chevaux sauvages, mais suite à un accident de cheval il se fracture le crâne. Il entre dans un cirque à Chicago, où il reprend à nouveau son numéro de funambule. Il échappe à un grave accident. Il se tourne vers le théâtre où il passe d’acteur, à régisseur puis à costumier-décorateur. Il est remarqué par par une agence de publicité.Il est par la suite chargé par la Chambre de commerce de Jersey City de réaliser des fresques. Il publie des caricatures dans plusieurs journaux.
En 1912, à l’âge de 23 ans, il se lance dans le dessin animé : il transpose à l’écran des B.D. célèbres. Le premier studio de Bowers (Mutt and Jeff, – Inc.) est fondé en 1916. Il produit une série célèbre avec les personnages créés par Bud Fisher (Mutt et Jeff). Bowers est chargé des scénarios et coordonne le travail. Bowers signera environ 200 à 250 films de la série. En 1918, Bowers prend la direction de la société. Il est accusé de fraude et licencié. Un mois plus tard, Bowers annonce que, avec l’aide de quelques dissidents, il va produire des « Mutt and Jeff » dans son propre studio à dans le New Jersey, puis dans l’État de New York). Bowers s’essaye à quelques films d’animation avec marionnettes. En 1924, il réalise ses premières comédies dans son studio d’Astoria, à Long Island. Il mêle dans ses mises en scène des personnages vivants et des objets animés image par image.Il ouvre le studio Queen Plaza pour produire encore des « Mutt and Jeff ». Six mois plus tard, le studio passe dans d’autres mains sous le nom de The Associated Animation Studio. Bowers abandonne définitivement le dessin animé. En 1926-1927, il tourne en tant que metteur en scène, scénariste et acteur une série de 14 comédies en 2 bobines. En 1928, il est le principal actionnaire des Bowers Comedies et apparaît dans 6 comédies. Bowers met au point un procédé permettant des trucages originaux, écrit les scénarios, fait le caméraman, avant que l’on ne perde sa trace.
« Bowers qui est-ce ? D’abord un inventeur. Bricolo, le bricoleur impénitent, c’est le portrait de Bowers lui-même travaillant à ses bricolos. Il intervient à une époque où la machine fascine l’humanité. Dans l’inconscient collectif, les pistons, les leviers, l’acier qui coule des hauts fourneaux et les postes à galène dessinent la même image d’un avenir radieux. De toute part, de La ligne générale à L’âge des machines et de la subversion Dada, au lyrisme de Walter Ruttman, une utopie joue à plein. Communiste ou capitaliste, russe ou américaine, la technique est mobilisante et dynamisante. Nous sommes à ce carrefour des années vingt et trente où la mécanique était devenue un immense alibi.
Or Charlie Bowers invente. Il est à la fois le bouffon dérisoire et le chantre modeste de cette épopée. Il participe et il rigole. Une des énigmes est donc de savoir ce qu’il pensait réellement de l’assemblage de boulons, des rivets, du métal. Y croyait-il ?»
Louise Beaudet et Raymond Borde, « Charles R. Bowers ou le mariage du slapstick et de l’animation», in Les Dossiers de la Cinémathèque, n° 8, Cinémathèque québécoise et Cinémathèque de Toulouse, 1980