Thème : Hommage à Musidora
Musidora, la dixième muse de Patrick Cazals (2013 / 1h05)
Vicenta (1919) [2 films]
Pour Don Carlos de Musidora et Jacques Lasseyne (1921 / 1h30)
Musidora, c’est la femme libre, icône vénéneuse et érotique aux grands yeux cerclés de khôl des débuts du 7e art.
A l’époque du cinéma sans parole, le regard est déterminant dans le jeu des acteurs.
Musidora utilisera ses yeux et son corps gainé de soie noire pour enflammer Paris.
Son grand succès, elle connaîtra dans l’incarnation du personnage iconique érotico-criminel d’Irma Vep dans Les Vampires, feuilletons de de Louis Feuillade de dix épisodes de 1915 à 1916.
Sensuelle et cruelle, audacieuse, troublante et farouche, telle est Irma Vep.
Musidora va envoûter les Français dans une période de guerre où le monde connu s’écroule.
Elle sera marraine de guerre.
«Une jeunesse toute entière tomba amoureuse de Musidora. À cette magie, à cette attraction, s’ajoutait le charme d’une grande révélation sexuelle. Il appartint au maillot noir de Musidora de préparer la France des pères de familles et des insurgés. Cette magnifique bête d’ombre fut donc notre Vénus et notre déesse Raison. »
Louis Aragon, « Les Vampires », Projet d’histoire littéraire contemporaine, 1922-1923
C’est au music-hall qu’elle rencontre Colette dont elle fut la partenaire sur scène et l’amie intime.
Une amitié d’un demi-siècle, dont témoigne une riche relation épistolaire.
Musidora ne fut pas seulement actrice, elle fut aussi à l’image d’Alice Guy une pionnière du cinéma.
Elle sera poétesse, chanteuse, auteure et peintre.
Elle deviendra une muse des surréalistes.
Avant d’être vampire à l’écran et Musidora dans la vie, elle s’appelait Jeanne Roques.
Elle est née en 1889 à Paris, en même temps que la Tour Eiffel.
Elle vient d’un milieu modeste.
Elle est déterminée.
Elle veut jouer la comédie, elle rêve d’être une artiste.
Elle deviendra Musidora, nom de scène qu’elle emprunte à « Fortunio », un roman fantastique de Théophile Gauthier.
Elle jouera à la comédie à l’Odéon et au Châtelet.
Elle dansera aux Folies Bergère.
Elle se produira au music-hall,
En costume ou parfois nue.
Elle jouera un autre feuilleton Judex.
Elle deviendra productrice et réalisatrice.
Elle commencera par des adaptations de Colette.
Elle se ruinera en Espagne, amoureuse d’un torero qui la quittera pour une vedette russe.
Le passage au cinéma sonore n’est pas fait pour elle.
Elle terminera sa carrière à la Cinémathèque française à Paris.
Elle y sera « responsable du service de documentation et de relations avec la presse »
Elle décède en 1957.
Elle plane en 2023 sur Chartres comme une ombre mystérieuse sur les écrans du Festival Sound of Silent.
« L’un de mes frères, quand il était petit, voulait absolument que le Bon Dieu inventât pour lui un « bâton qui n’a qu’un bout. Mais toi, tu as créé le bâton à trois bouts, dont l’un porte un pinceau, l’autre le joli-brin-de-plume, et le troisième un crayon à sourcils. » Colette à propos de son petit « Musi ».