« Aujourd’hui, fréquenter la Cinémathèque française pour y voir quelque incunable du 7e art est un privilège rendu possible par le travail d’Henri Langlois. Se faisant cinéaste autant qu’historien, Jacques Richard signe un panégyrique à la dimension de ce personnage exceptionnel, avec plus de soixante-dix témoignages de personnalités et une somme d’extraits de films et d’émissions de télévision.
Devant un film des frères Lumière, Langlois définit le cinéma, et, par là, ce qui préside à l’élaboration de ce portrait : un art où se mélangent les ombres des vivants et des morts. C’est le point de départ d’une saga qui nous emmène du Cercle du cinéma, fondé en 1935, jusqu’à la mort de Langlois en 1977. Mais l’aventure de cet homme, comme au reste celle de Mary Meerson, mystérieuse compagne et collaboratrice, et de Lotte Eisner, spécialiste du cinéma allemand, ne connaîtra jamais de fin. Ayant sauvé de nombreuses œuvres de la destruction, sous la double menace de la censure nazie et de l’inflammation des films nitrate, protégeant sa forteresse du complot qui voulait le destituer en 1968, Langlois a permis que les générations futures puissent se former au travail des aînés. Ciselés comme une épitaphe, les mots de Jean Rouch font conclusion : « Il avait la qualité de la fantaisie, qui est une vertu pour moi et une maladie dans nos universités. Monsieur le fantaisiste, sortez ! » »
(Teddy Lussi)