La Merveilleuse Vie de Jeanne d’Arc, fille de Lorraine de Marco de Gastyne (1929 / 2h05)
La vie de Jeanne d’Arc jusqu’à sa mort sur le bûcher de Rouen, où elle est jugée et condamnée par un tribunal ecclésiastique.
« C’est cette image [celle de Simone Genevois] qui apprit à un enfant de sept ans comment un visage emplissant l’écran était d’un coup la chose la plus précieuse au monde. En un mot, ce que c’était que l’amour. » (Chris Marker)
Comédienne oubliée en France et méconnue dans son pays natal la Roumanie, Génica
Athanasiou (de son vrai nom Eugenia Tănase) est surtout célèbre à travers la correspondance
amoureuse adressée par Antonin Artaud, son compagnon de 1922 à 1927 : les fameuses
Lettres à Génica.
Son parcours artistique est pourtant tout à fait extraordinaire.
Arrivée en France en 1919 et formée à l’école Charles Dullin, Génica Athanasiou fait
partie des membres fondateurs de l’Atelier, où elle s’engage passionnément au service d’un
théâtre exigeant. Elle est révélée dans l’Antigone de Jean Cocteau en 1922, éblouissant ou
choquant les spectateurs avec son maquillage à la Irma Vep et sa cape en tricot Chanel.
Man Ray l’immortalise alors : la « jeune première de l’avant-garde » est lancée.
Avec Antonin Artaud, elle participe à l’aventure du Théâtre Alfred-Jarry, interprétant
des textes surréalistes de Louis Aragon et de Roger Vitrac, ou encore la pièce interdite de
diffusion par Paul Claudel, Partage de midi – autant de scandales.
En 1924, elle débute au cinéma au côté de Conrad Veidt dans Le Comte Kostia de
Jacques Robert, puis tourne deux longs-métrages avec le débutant Jean Grémillon, qui devient
son compagnon en 1928 : Maldone et Gardiens de phare. L’apothéose de sa carrière à l’écran
est La Coquille et le clergyman de Germaine Dulac, premier film surréaliste sur un scénario
d’Artaud. Pabst, Séverac et Reinert font appel à elle au cours des années 1930, sans
l’employer toutefois à sa juste valeur.
Revenue sur les planches, elle travaille avec Georges Pitoëff, Jacques Copeau, la
compagnie des Quinze. En 1935, elle crée le premier spectacle de Jean-Louis Barrault, Autour
d’une mère, avant de devenir membre de sa troupe, les compagnons du Grenier des
Augustins.
La guerre met un terme à ces années foisonnantes. Sa seconde carrière à l’écran la
cantonne à des figurations alimentaires, mais elle retrouve emploi au théâtre, notamment chez
Sacha Pitoëff ou Guy Suarès. Elle se retire à Pont-aux-Dames en 1963, au terme d’une
carrière restée discrète par goût du travail de troupe.
Médiéviste, Laurence Meiffret a soutenu un doctorat en histoire de l’art publié par
l’Ecole Française de Rome. Elle a été directrice de l’abbaye et du site naturel de Beauport en
Côtes d’Armor de 1993 à 2011, oeuvrant au sauvetage et à la redécouverte d’un patrimoine
classé en déshérence. Elle a publié dans ce cadre plusieurs ouvrages sur l’héritage mémoriel
et la transmission du patrimoine, notamment aux éditions Créaphis et Actes-Sud. Nommée
personnalité qualifiée à la Commission Supérieure des Sites et Paysages, elle y a siégé une
douzaine d’années. Elle a été curatrice de l’exposition sur Génica Athanasiou à Bucarest en
2019, dans le cadre de la saison France-Roumanie initiée par l’Institut Français. Désormais,
elle travaille à une biographie croisée de trois des compagnes d’Antonin Artaud. Le premier
volet concernant Génica Athanasiou est à paraître.